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V


Ayant obtenu l’assentiment de sa mère, Lucie mit une robe de toile grise, blanchie par plusieurs lavages, coiffa son grand chapeau de paille, et partit pour le hameau des Tubleries, où demeurait Gène. C’était à demi-lieue, sur le coteau du Clain.

Il faisait vent frais, soleil chaud, lumière abondante et vive. À l’horizon, sur un fond bleu, s’entassaient des montagnes de nuages blancs dorés.

Lucie traversa le bourg, suivit un long chemin bordé de haies d’aubépine, et parvint à l’entrée d’une vaste plaine qui descend en pente douce jusqu’à la rivière. Le terrain est sablonneux ; il y a çà et là de gros châtaigniers tortus, à l’ombre desquels croît un fin gazon mêlé de mousse.

Le vent balançait les rameaux et courbait les blés verts, entre lesquels n’apparaissait plus qu’à peine la rouge terre des guérets.

Des papillons jaunes croisaient le chemin ; à quelques pas de la jeune fille s’abattit une fauvette qui chercha quelque chose à terre, et s’envola un brin de paille au bec.