— Vous aggravez votre faute par cette épithète…
— C’est vrai ; j’aurais dû dire des bandits. Figurez-vous qu’ils se sont jetés sur moi…
— Prévenu, vos paroles sont des plus blâmables. Vous devez respecter les agents de l’ordre.
— De l’ordre !… ça n’est pas de l’ordre qu’ils font ; c’est du désordre et de l’insolence.
— Votre langage est celui d’un révolutionnaire, et prouve qu’ils ont eu raison de vous châtier.
— Me châtier ! eux ! de quel droit ?
— Monsieur ! vous insultez le pouvoir !
— Ah çà ! dit Julien, sérieusement étonné ; j’ai dormi plus d’un mois et ne sais pas ce qui s’est passé, Est-ce qu’en France nous ne serions plus chez nous ?
— Que voulez-vous dire ?
— Simplement de savoir si nous avons été conquis par l’étranger ? Ou bien si c’est revenu comme avant la Révolution, quand les gens appartenaient au roi et à ses valets ? Car être poursuivi pour avoir été battu, je vous jure, ma foi, que ça me renverse un peu les idées.
— Ce prévenu est un homme dangereux, dit le juge.
(La fin à demain)