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leur chaque fois que retentissait la sonnette, et l’on faisait évader Julien par la cuisine, lorsqu’un voisin, chose heureusement assez rare, venait le soir. Toutes ces cachotteries, qui faisaient rougir Céline, impatientaient fort Julien. Et même encore, avec tant de précautions, tout n’était pas sauf. Restait à savoir ce que pensaient les concierges. Mme Vallon voulut bien leur apprendre que Julien était son cousin et le parrain des enfants. Mais un jeune parrain qui vient tous les soirs !

Dès la seconde visite, Julien Emaury avait raconté les motifs du long silence qui avait causé la mort de sa pauvre femme et l’avait fait soupçonner par les Vallon d’avoir abandonné ses enfants.

« Il avait trouvé une bonne position et s’apprêtait, joyeux, à écrire à sa femme qu’elle vint le rejoindre, quand un soir, en sortant de l’atelier, il rencontra sur son chemin un attroupement d’étudiants, auxquels s’était joint par curiosité quelque populaire. Lui aussi, pour voir s’arrêta, et il était là depuis cinq minutes, quand il sentit tout à coup une grêle de coups de poings s’abattre sur lui.

Instinctivement, il avait répondu en pareil langage à de telles avances ; mais l’agresseur, appelant à l’aide, cinq ou six hommes étaient accourus, avaient entouré Julien, l’avaient criblé de coups, et l’avaient traîné au poste ; là seulement, il sut qu’il avait eu affaire à des agents de police.