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était toujours un peu tard ; on couchait déjà le marmot ; Joséphine restait la dernière. Mais bientôt, assise sur les genoux de son père, son babil s’alanguissait, ses yeux se fermaient, et Julien, après l’avoir embrassée, allait la déposer dans les bras de Céline, qui l’emportait. Julien attendait le retour de la jeune fille, afin de lui dire bonsoir, de la remercier, de causer encore un peu des enfants, et cela durait ainsi quelquefois jusqu’à dix heures.

Peu à peu, les visites du jeune ouvrier devinrent plus fréquentes. Il changea d’atelier pour se rapprocher des Vallon, bientôt il vint tous les soirs.

On l’aimait ! on appréciait sa droiture, son bon cœur, son intelligence. M. Vallon le trouvait bien un peu vif sur les questions brûlantes de l’époque ; mais nouveau-né à la vie de la pensée, le jeune ouvrier dévorait les livres, les journaux, et ne s’arrêtait pas volontiers en si beau chemin. Céline, qui l’écoutait avec attention, inclinait à le croire sur toutes choses ; Annette le tenait pour le plus excellent garçon ; mais elle et son mari n’en étaient pas moins sur les épines pendant ses visites, du moins jusqu’à ce que les enfants fussent couchés ; car, je vous prie, que fût-on devenu, si devant Mme Pimprelle ou M. Grenier, les enfants, les enfants de Mme Céline, avaient appelé ce jeune homme : papa !

Cette pauvre Annette changeait de cou-