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sent, voyez-vous, rien que de vous voir pleurer comme ça, et de trouver les petits si propres, si gentils, et si attachés à vous, je vous connais tout de suite ! Vous êtes une digne et brave personne, oui !… Et ma pauvre femme a eu bien raison !… Ah ! quel malheur j’ai eu là, mam’zelle Rose !…

Il passa la main sur ses yeux, fit de nouveau quelques pas, et après avoir toussé pour s’éclaircir la voix, il reprit :

— Ne pleurez pas comme ça, je vous en prie ; vous sentez bien que je ne vas pas vous les emmener aujourd’hui.

La jeune fille se leva et s’approcha de lui, les mains jointes. Ses regards, l’expression de son visage comme son attitude, tout était prière, une prière ardente… cependant, elle ne put prononcer d’autre mot que : Monsieur !…

Et sa voix s’éteignit dans un flot de larmes.

— Ah ! mais, s’écria-t-il, c’est trop fort, que je vous cause une pareille désolation ! Tenez, j’aime mieux me sauver. Ce n’est pas pour dire que je ne reviendrai pas ; ça ne serait pas possible. Mais… prenez le temps de vous remettre ; nous causerons ensuite et vous verrez que je ne suis pas méchant.

Il enleva tour à tour chacun des enfants dans ses bras, les regarda, les baisa, les serra contre son cœur, et sortit.

Annette, absente pendant cette visite, en reçut aussi la nouvelle avec une très vive émotion, mais qui se rattachait à un autre ordre de sentiment. — Eh ! quoi, le père de ces enfants, ce père déclaré mort,