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— Appuyez-vous sur moi, dit sœur Sainte-Rose à l’oreille de l’étrangère.

— Oh ! vous êtes bonne, ma sœur…… Mais mon petit garçon vous charge déjà bien assez.

— Non, il n’est pas lourd du tout. Quel âge a-t-il ?

— Huit mois. Hélas non ! il n’est pas lourd. Il a tant maigri ! C’était un bien bel enfant ; mais il a tété du mauvais lait.

L’enfant dormait dans les bras de la sœur, comme auparavant dans ceux de sa mère. À peine sœur Sainte-Rose sentait-elle ce petit poids sur son bras, et un faible souffle contre son sein. Au sortir de l’ombre des ormeaux, comme on entrait dans la ville, elle put entrevoir le visage de l’enfant et le trouva joli ; mais tout maigrelet et pâle.

Au seuil de l’hospice, comme si elle avait médité de s’épargner un nouvel interrogatoire, et de maussades formalités, la pauvre femme s’évanouit. On la porta dans une grande salle, qui contenait onze lits, la plupart occupés. La petite fille, devant toutes ces choses étranges, souffrant de faim et de froid, ne put se retenir plus longtemps de crier, et réveilla le poupon, qui se mit de la partie.

— Marie-Jésus ! s’écria la supérieure, qu’allons-nous faire de ces enfants-là ? Ils vont réveiller nos malades. Emmenez-les dans la cuisine, sœur Sainte-Rose, et donnez-leur à souper.

La jeune sœur obéit à cet ordre avec joie. Il lui en eût coûté de laisser aux soins d’une autre de pauvres enfants si