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à un tombèrent ; ses remords bientôt s’évanouirent ; et elle comprit qu’en donnant son cœur aux affections naturelles, joies et vertus de cette vie, elle n’avait pu offenser Dieu. La poésie, qui la ravissait, l’aida à comprendre, ou plutôt à formuler, ce qu’elle portait en son propre cœur, la sublimité de cette vie humaine, que follement, autrefois, on lui avait appris à maudire. Elle se sentit, dès lors, si heureuse, en paix avec sa conscience, et pouvant dispenser le bonheur à ses adoptés chéris !…

Ce fut une floraison magique, admirable, de toutes ses facultés à la fois. Ses joues prirent le coloris de la santé, de pures flammes brillèrent dans ses yeux ; sa taille devint souple, vivante ; son esprit s’anima de charmantes saillies, sur un fond d’éternelle naïveté. Tous ceux qui la voyaient se sentaient charmés et pénétrés de nobles croyances. Les deux enfants l’adoraient.

Céline, cependant, n’avait point oublié la recommandation dernière de la pauvre morte, ni les devoirs qui lui restaient à remplir vis-à-vis du père des enfants. Peu de temps après son arrivée à Paris, elle était allée à Grenelle, et à l’adresse indiquée s’était informée de Julien Emaury. On s’était rappelé assez vaguement avoir vu quelqu’un de ce nom parmi tant d’ouvriers, qui passaient là plus ou moins de temps ; mais il avait disparu depuis trois mois tout au moins, et même avait laissé, pensait-on, quelques effets qu’il n’était point venu réclamer. On n’en savait davantage. Des recherches faites par le beau-frère de Céline restèrent également sans résultat. On pensa que Julien Emaury avait été victime de quelque acci-