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avez un courage superbe et un cœur !… Et, quoi qu’on en dise, vous ne faites cela que pour les enfants. Je l’ai bien vu, moi.

Sœur Sainte-Rose quitta la ville dès le lendemain matin, et partit pour Alençon, emportant, grâce à la sollicitude de ses hôtes et à celle du docteur Marinier, une somme qui devait suffire à son voyage et aux premiers besoins de son installation.

À l’hospice des Enfants-Trouvés, quand on lui amena Jean et Joséphine, et que — après avoir un instant hésité à la reconnaître, à cause de son nouveau costume, — les deux pauvres petits se jetèrent sur elle en criant de joie, elle oublia toutes ses angoisses, toutes ses amertumes ; prenant l’un dans ses bras, l’autre par la main, le cœur si enivré qu’elle n’avait plus honte : elle traversa la ville pour se rendre à l’embarcadère.

Et quand elle les eut là, près d’elle, dans le wagon, tous les deux, là, bien à elle ! à elle toute seule ! et sans crainte qu’on pût les lui enlever, un bonheur immense remplit son cœur ; elle n’était plus religieuse : elle était mère. Et tandis qu’elle les regardait de toute son âme, avec ce beau sourire maternel, si plein d’amour, de fécondes promesses, dont le sourire du ciel sur la terre au printemps n’est que l’ébauche, eux aussi, tout heureux de se retrouver dans cette atmosphère chaude et tendre dont elle les enveloppait, lui répondaient par mille sourires, qui éclataient de toutes parts, aux coins de leurs lèvres mignonnes, dans les fossettes des joues et du menton, dans leurs yeux brillants.

Que de caresses échangées ! que de doux soins, de friandises, de bonheurs ! Le voyage fut court. Ils arrivèrent le soir à