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de mon peu d’argent, en chemin de fer sans doute ; ou bien, l’aurai-je perdu. Alors, j’ai continué mon voyage à pied par petites journées, demandant l’hospitalité sur la route. Mais deux ou trois fois, la nuit, j’ai manqué d’asile et la fatigue trop grande, un refroidissement, la fièvre… Tout à l’heure, j’ai senti que je ne pouvais aller plus loin.

— Avez-vous des papiers ?

La pauvre femme exhiba un paquet de lettres froissées, qu’elle dit être de son mari ; mais d’attestation de monsieur le maire, point ; ce que la vieille sœur jugea suspect. Elle grommelait là-dessus, quand sœur Sainte-Rose l’interrompit :

— Sœur Sainte Angélique, cette femme parait bien malade :

— Hum ! allons… on ne peut s’empêcher de la recueillir. Nous avons pourtant bien assez de nos pauvres… Enfin ! nous allons la conduire à notre mère supérieure ; on verra.

Ces mots étaient à peine prononcés que sœur Sainte-Rose s’emparait du petit enfant et aidait la pauvre femme à se lever. On reprit la route. Il n’y avait tout au plus qu’un quart d’heure de marche jusqu’à M… ; mais la malade ne se traînait qu’avec peine ; ses pieds étaient enflés ; elle éprouvait des douleurs ds tête presque insupportables, et tout dénotait en elle les ravages d’une fièvre violente. Quant à la petite fille, elle pleurait toujours, mais tout bas, parce que sœur Angélique, en la prenant par la main, lui avait ordonné de se taire, d’une voix terrible.