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que-là du moins avaient enveloppé ses souffrances de quelque douceur et l’avaient fait naître à la tendresse. — Mamma ! mamma !… — Sous ce doux appel, que sœur Rose croyait entendre encore, et dont tout son cœur tressaillait, elle se leva, fit quelques pas, et se prosterna de nouveau.

Elle attendait son confesseur, instinctivement, dans le besoin où elle était d’un secours, en de telles perplexités. — Mais que lui apporterait-il ? D’avance ne le savait-elle pas ?… Son langage serait le même que celui de la supérieure : il la menacerait de l’enfer… — Dieu, réellement, serait-il si sévère que de la damner pour avoir aimé ces pauvres et ces petits, dont il recommande l’amour ?… L’enfer ! Mais les enfants, le démon aussi les menace ; le malheur, l’abandon les lui peuvent livrer… Ne s’agit-il donc que de son salut, à elle seule ? Ne doit-elle penser qu’à cela ! Non, dans cette vie comme dans l’autre, c’est entre le salut de ces enfants et le sien qu’elle doit choisir. Il faut les perdre en se sauvant, elle, ou se perdre, elle, pour les sauver…

La question ainsi posée, elle sentit dans son sein comme une éruption de flammes, et tout ce poids de doute et de douleur qui l’oppressait lui fut soudainement enlevé : c’était le saint héroïsme du dévouement, qui venait de la remplir d’une énergie supérieure à toute crainte, et plus forte que toute entrave. Jamais dans la recherche solitaire des joies de Dieu, elle n’avait rencontré si vif enthousiasme, ni de telles grandeurs. Ce