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bas… N’est-ce pas un crime que de laisser périr une créature de Dieu ? Un petit enfant surtout !… Au nom de Jésus !… ma mère !…

— Vous êtes décidément folle ! dit la supérieure en la repoussant. Rendez-vous à l’église. J’ai fait prévenir le père Valin, S’il n’a pas raison de vos fureurs, demain vous partirez pour notre maison de pénitence. Allez !

Elle-même la poussa dehors et des yeux la suivit jusqu’à l’église.

Cette explosion de sentiments vis-à-vis de la supérieure avait rendu à sœur Sainte-Rose toute son énergie. Quand elle entra dans l’église, le père Valin ne s’y trouvait pas encore. Elle se prosterna devant l’autel de la Vierge, et se livra, palpitante, à l’examen du terrible problème que, soit par l’action, soit par l’inertie, elle devait résoudre. Abandonner ces enfants ou les sauver ? — Les sauver !… Toute son âme s’emportait vers ce désir, mais… il fallait pour cela reprendre sa liberté ! Violer ses vœux !…

Abandonner les enfants, c’était violer un autre serment ; mais c’était bien plus : c’était vouer à la mort où à la misère, au vice presque sûrement, hélas ! deux êtres, ces deux êtres déjà chéris, qu’on avait remis à sa garde, qui s’étaient eux-mêmes donnés à elle de toute leur innocence et de tout leur cœur. Joséphine ! élevée dans cette maison, le sort de sa mère l’attendait, sinon plus de malheur et de honte encore. Lui, le cher petit, les tortures d’une longue agonie, sans l’amour et les caresses, qui jus-