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malheureux, lui reprit le cœur, et elle s’écria :

— Dites-moi seulement, en grâce, ma mère, où sont les enfants ?

— Voici votre folie qui vous reprend, dit la supérieure en colère.

Et durement, elle ajouta :

— Ils sont partis. Vous ne les reverrez plus.

— Je ne les reverrai plus ! s’écria la pauvre fille, qui oublia tout le reste en cet instant. Oh ! non ! ce n’est pas possible ! Dieu n’est pas si cruel que cela. Ces enfants m’aimaient ; leur mère me les a donnés ! Ils ont besoin de moi ! Oh ! ne les faites pas souffrir comme cela, Sainte mère ! Tenez, j’en suis sûre, ils crient, ils m’appellent… On les rend malheureux, on me les tuera ! Ces gens n’aiment pas les enfants, ils ne savent pas…

Elle se jeta aux pieds de la supérieure en versant un torrent de larmes, et, joignant des mains suppliantes, que crispait son trouble et sa douleur :

— Sainte-Mère, vous le voyez, je ne puis pas être raisonnable ! Mais Dieu pourtant n’a pas maudit les enfants ! Jésus les aimait ! C’est au cœur des femmes qu’il a confié le soin de ces petits êtres… innocents… et qui ne méritent pas de souffrir ! Oh ! je vous en supplie, rendez-les moi ! Je ferai double tâche ici ; je les élèverai bien et leur apprendrai à aimer Dieu. Les enfants là-bas deviennent méchants, vous savez ; on ne les aime pas. Nous sauverons ainsi leurs âmes. Le petit, le docteur a dû vous le dire, a besoin de grands soins ; très sûrement, il mourrait là-