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reprit, en même temps que lui revint le sentiment de sa situation, et ce fut vainement qu’elle rappela l’espoir accepté pendant la nuit. Rafraîchie par le sommeil, et en pleine possession de son esprit, elle voyait bien qu’il fallait choisir entre deux devoirs contradictoires, entre deux affections rivales. Jetant les yeux autour d’elle avec désespoir, elle rencontra le sourire de Petit-Jean, qui, dressé sur son lit, la regardait. Elle courut à lui d’un élan de cœur, le saisit dans ses bras, le serra sur sa poitrine ; l’enfant, remué par cette tendresse, jeta les bras autour du cou de sa mère adoptive, et, comme la veille, imprima ses deux lèvres sur sa joue.

— Oh ! s’écria-t-elle, dans un transport, je me damnerai pour toi s’il le faut !

Mais aussitôt, elle se demanda, pleine d’effroi, si ce n’était pas le démon qui lui soufflait de telles paroles ? mouvements du cœur et les objections de la foi se répondaient en elle à oscillations presque égales, et, de plus en plus éperdue, bientôt elle ne sut que souffrir.

Elle descendit, agitée d’une autre terreur, celle qu’on lui enlevât les enfants, comme on l’avait essayé la veille.

ANDRÉ LÉO.

(La suite à mardi.)