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Et le serment qu’elle a fait au divin Époux, antérieur à celui-là, est-il moins sacré ?

Il est nuit ; sœur Sainte-Rose a éteint sa lumière, comme le veut le règlement, et elle s’est couchée : mais le tourment qui l’agite ne peut lui permettre aucun repos, ni même l’immobilité. Elle se lève : elle marche dans les ténèbres ; elle se prosterne et prie, avec larmes et sanglots. Si elle osait, elle irait au jardin respirer un peu. Ces murailles l’étouffent, — Encore ces désirs coupables d’espace et de liberté ? Oh ! non, non ! Elle vivrait paisible et joyeuse dans cette cellule, si les enfants lui étaient laissés. Elle bêcherait la terre, et travaillerait jusqu’à la mort, pour les nourrir, les aimer, les voir grandir autour d’elle. Elle ferait les plus durs pèlerinages ; elle irait à genoux jusqu’à Rome… À Rome ! quoi donc ? pourquoi ?… Demander au saint-père de La relever de ses vœux ? aurait-elle eu cette pensée ? de renier son vœu !… de rejeter l’alliance de Jésus !

Ce fut, à ce moment, comme une voix étrangère, qui passa près d’elle, disant : — La loi ne reconnaît pas tes vœux !

Mais elle frémit comme d’un sacrilége. Il n’y a qu’une loi, celle de la conscience, et les serments… Hélas ! elle en avait fait deux, deux serments contraires. Elle a promis à cette mère de sauver et d’élever ses enfants.

Horrible imprudence ! Quoi qu’elle fasse, elle sera parjure. Mais à qui doit-elle avant tout obéissance et fidélité, n’est-ce pas à Dieu ? Hélas ! elle ne peut que ra-