pression ardente de ses yeux et l’éclat de ses joues, qui ressortaient enflammées, sur un fond de teint livide, frappèrent la religieuse au premier coup d’œil.
— Vous êtes malade ? fut son premier mot à l’étrangère.
— Oui, répondit celle-ci, bien malade ! Mes enfants ont faim et froid. Prenez pitié de nous, ma sœur.
— Jésus ! répondit seulement, en joignant les mains, la jeune religieuse.
Et revenant vers sa compagne qui semblait la directrice de leur association, — et que son obésité plus que sa grandeur avait retenue sur l’autre bord du fossé — elle peignit en quelques mots le triste tableau qu’offrait ce groupe misérable.
— Qui est cette femme ? d’où vient-elle ? demanda la vieille sœur.
Et la conversation suivante s’établit, par l’intermédiaire de sœur Sainte-Rose :
— Nous venons des environs de Saint-Brieuc, loin d’ici.
— Où vont-ils ?
— À Paris.
La voyageuse semblait vouloir poursuivre ; mais au lieu de parler, elle soupire.
— Quo vont-ils faire là ?
— Rejoindre… mon mari.
— N’a-t-elle donc point de parents ?
Est-il possible qu’elle vienne, avec des enfants, de si loin à pied ?
— Je n’ai point de parents… proches, et seulement une amie à Rennes, C’est en m’arrêtant là pour la voir et afin de reposer un peu les enfants, que je me suis aperçue… hélas !… que j’avais été volée