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ne sais pas ce qui lui est arrivé ; mais Julien, je vous le jure, ne nous a pas abandonnés. Il reviendra ; il nous cherchera… Hélas ! Qu’il retrouve au moins ses enfants !

» Et enfin, sœur Sainte-Rose, quand il ne reviendrait pas, quand il serait mort. lui-même, il ne faut pas que nos enfants soient mis aux Enfants-Trouvés. Sœur Sainte-Rose, entendez-vous, il ne le faut pas ! Moi, leur mère mourante, je n’y consens pas, ce serait un crime ; car tout mon malheur est d’être sortie de là, voyez-vous. D’abord, Jean, qui n’est pas fort, le pauvre petit, y mourrait de misère et de dureté ; Joséphine, plus tard, serait méprisée et malheureuse comme je l’ai été moi-même.

» Le monde est ainsi fait. Ceux qu’il soupçonne, il les empêche d’être honnêtes. C’est odieux ; mais c’est comme cela, je le sais bien. Et pourtant, qu’a-t-elle fait, la pauvre innocente ? Ne souffrez pas qu’on perde à plaisir sa vie, sœur Sainte-Rose, ne le souffrez pas ! Jean, depuis qu’il est avec vous, est déjà bien mieux portant. Il vous aime… comme il m’aimait. Oh ! ma sœur, promettez-moi de protéger ces enfants, de les défendre, d’empêcher… Je vous dis que leur père viendra les chercher, sûrement… Cependant… s’il ne venait pas… vous ne les abandonneriez point, n’est-ce pas ! ma sœur. Ce sont de bons petits êtres ! Quand ils seront un peu plus grands, ils peuvent rendre bien des services ici. Ils ont besoin, voyez-vous, d’être aimés ; sans cela, on court risque d’être mauvais. Et vous les aimez, je l’ai vu. Oh ! je vous bénirai tant ! On dit que les morts peuvent bien des choses ; je prierai pour vous ; je vous