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— Jésus ! s’écria la vieille religieuse, qu’attendez-vous, ma sœur ? à cette heure-là !…

— Si c’était quelqu’un de malade, ma sœur ?

— Un ivrogne plutôt. Venez, venez ; il est imprudent de s’arrêter à ce qu’on entend la nuit.

Cédant à cette injonction, la jeune sœur se remit en marche ; mais au bout de quelques pas, elle s’arrêta de nouveau.

— Ce serait un péché, ma sœur, dit-elle, que de laisser en danger quelqu’un que nous pourrions secourir.

— Voilà bien de vos imaginations, répondit l’autre un peu aigrement.

À ce moment, une voix d’enfant s’éleva, pleurante, et le même gémissement se répéta, suivi de quelques paroles confuses.

— Entendez-vous, ma sœur ?

— J’entends, répliqua la vieille, d’un ton sec.

Mais bientôt, comme se reprochant cette réponse, elle reprit plus doucement :

— Vous avez raison, sœur Sainte-Rose, nous devons aller voir ce que c’est.

Elles se dirigèrent aussitôt du côté d’où partaient les voix. Sœur Sainte-Rose sauta légèrement le fossé, d’ailleurs peu large, qui séparait la route du champ voisin et tout aussitôt se trouva près d’une femme affaissée par terre, qui tenait sur son sein un petit enfant endormi, tandis qu’une fillette d’environ cinq ans, pleurait, en demandant quelque chose, dans un langage inintelligible, mêlé de sanglots.

L’attitude brisée de cette femme, l’ex-