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yeux hors de la tête, et dont le visage en ce moment ne semblait pas celui d’une élue.

Restée seule avec les enfants et le docteur, la jeune religieuse eut bientôt calmé par de douces paroles et des caresses, les deux petits êtres que sa seule présence venait de rasséréner.

— Que diable s’est-il passé ? demanda le docteur, en remarquant la figure également altérée de sœur Rose. — Tenez, ajouta-t-il, ne recevant pas de réponse, vous étiez faite pour être une bonne mère de famille, vous !

Cette parole hardie, qui n’obtint pas plus de réponse que la première, n’en pénétra pas moins le cœur ému de sœur Sainte-Rose. Portant le Petit-Jean, qui lui serrait le cou de ses deux bras, et conduisant par la main Joséphine, elle se rendit près de la malade.

Celle-ci était plus faible qu’à l’ordinaire ; jamais encore ses yeux n’avaient été si creux, et sur ses tempes, au coin de la bouche, aux narines, s’étaient creusés des sillons nouveaux. Il fallut pencher les enfants sur le lit pour qu’elle pût les embrasser ; quant à eux, ces pauvres enfants ne retrouvant plus qu’à grand’peine dans cette moribonde, la mère autrefois chérie, ils ne marquaient nul empressement à recevoir ses caresses, et plus d’une fois avaient témoigné leur impatience de partir, avant la demi-heure écoulée. La malheureuse mère s’en apercevait, et par moments, ne pouvait s’empêcher d’éprouver une grande jalousie contre sœur Sainte-Rose. Mais, d’un autre côté, lui voyant pour ses enfants un cœur maternel, elle était touchée de reconnaissance.