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sœur Sainte-Rose d’une voix étouffée ; je ferai prier Joséphine et nous supplierons le saint Ange du petit de vouloir bien aussi parler pour lui et se joindre à nous. Dieu est si bon ! il vous guérira.

Un regard de reconnaissance fut la réponse de la pauvre femme ; puis elles parlèrent ensemble des enfants, que de temps en temps la mère embrassait. Enfin, il fallut se séparer : car on ne devait rester qu’une demi-heure, mais en se disant : À demain.

À partir de ce moment, la sœur Sainte-Rose fut décidément consacrée à la garde des enfants, outre certains soins de couture et de jardinage qu’elle remplissait en les surveillant, et où la petite fille prétendit l’aider. C’était bien tout le contraire : cependant, la gentille gaucherie et le babillage harmonieux de Joséphine, charmant la jeune sœur, lui rendaient l’heure légère et douce. Pendant ce temps, Petit-Jean, assis à terre sur une natte, dans le réfectoire ou dans le jardin, échangeait avec elles des gazouillements ou des sourires. Désormais, la nuit, tout se passait à merveille : il buvait sans résistance le lait tiède que sœur Sainte-Rose lui offrait, se rendormait aussitôt, et dès son réveil, au matin, souriait à sa jeune gardienne.

Une fois apprivoisé, leur intimité devint chaque jour plus étroite. L’enfant de plus en plus se fit comprendre, et de plus en plus aussi comprit qu’une mère nouvelle lui était donnée. Un signe, un cri, surtout les regards, suffisaient entre eux. Ce petit professeur, en deux ou trois jours, apprit à la religieuse cette télégraphie du cœur, qui existe, à défaut de la parole, entre la mère et l’enfant. Et pour que la situation fût complète, la voyant près de lui si at-