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d’extrêmes fatigues, les forces de la pauvre femme l’avaient tout à coup abandonnée, comme des ouvriers qui, rebutés d’une tâche excessive, s’en vont. Elle gisait dans son lit, sans voix et presque sans mouvement. Cependant, elle baisa ses enfants avec transport ; mais sa joie et sa tendresse ne purent s’exprimer que par ses regards. Les enfants eurent peine à la reconnaître, tant depuis la veille elle avait changé. En une seule nuit, ses yeux s’étaient creusés, ses joues s’étaient avalées, et ses pommettes luisantes de fièvre saillaient. Elle jeta sur la sœur un regard d’inquiétude ; mais la reconnaissant, elle se rassura.

— C’est vous, madame, ah ! merci. Fifine a été bien sage, n’est-ce pas ? Mais Petit-Jean ? il a dû bien crier cette nuit. Hélas ! et que lui a-t-on donné !

— Ne vous inquiétez pas ; maintenant tout va bien, dit sœur Sainte-Rose ; puis elle raconta en détail tout ce qui s’était passé.

La mère eut un soupir de soulagement.

— Oh ! vous êtes bonne ! dit-elle. Je l’ai vu tout de suite à votre air. Je suis bien heureuse que ce soit vous qu’on ait chargée de mes enfants. Hélas ! mon Dieu ! que vont-ils devenir ? ajouta-t-elle avec angoisse.

— Ce qu’ils deviendront ? dit le docteur. On les soignera bien, parbleu, et vous les emmènerez quand vous serez rétablie.

La pauvre femme attacha ses yeux sur lui, avec une lueur d’espérance, combattue par le doute ; puis elle reprit :

— Je suis malade ! je le sens, bien malade ! Ah ! monsieur le docteur, les mères ne devraient pas mourir !

— Je ferai pour vous une neuvaine, dit