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elle eut mis sur sa tête ce grand bonnet de percale blanche empesée, au fond duquel on apercevait à peine sa figure pâlie et ses yeux bleus, l’enfant, après l’avoir contemplée d’un air chagrin, détourna la tête, et se mit à pleurer. Elle eut peine à lui rendre un peu de confiance, et le reprenant dans ses bras, descendit en soupirant.

On lui remit alors aussi la petite fille ; celle-ci, rassurée par la douce voix de sœur Sainte-Rose, sentit bientôt sa langue se délier. Elle dit le nom de son frère : Petit-Jean ; le sien : Joséphine, et parla de son papa, qui était parti, bien loin… puis, elle demandait sa mère à tout moment.

La mère aussi demandait ses enfants, et sur l’ordre du médecin, on chargea sœur Sainte-Rose de les lui conduire. Dans le corridor qui menait à la salle des femmes, ils rencontrèrent le docteur, M. Marinier. C’était un petit homme vif et brun, non pas de cheveux — car il les avait laissés à peu près tous, comme il le disait, sous les tropiques — mais de teint. Il avait été chirurgien sur un vaisseau. Sec de figure, il commençait pourtant, avec l’âge, à s’arrondir. À la vue de la sœur Sainte-Rose, qui portant d’un bras le marmot, conduisait par la main la petite fille, la figure du docteur s’éclaira d’un sourire ; ses petits yeux vifs brillèrent et il s’arrêta ; car, ainsi que bien d’autres, M. Marinier avait toujours une parole pour la douce et jolie sœur.

— Oh ! oh ! s’écria-t-il, vous voilà devenue maman.

Cette interpellation troubla si fort sœur Sainte-Rose, qu’elle rougit sous sa coiffe et resta un moment silencieuse. Enfin, elle