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ner. — Non, vis-à-vis de Dieu, elle n’était point tranquille : Tant de soins et d’agitation pour une créature !… — Mais un pauvre petit enfant ! Dieu n’était-il pas trop grand et trop bon pour en être jaloux ? Lui aussi devait en avoir pitié ; il aime l’innocence. Et tant d’amour et de gloire vont à lui, qu’assurément il ne pouvait regretter la part donnée, par une de ses plus humbles épouses, à ce petit être souffreteux, frêle et abandonné.

Au jour, en ouvrant les yeux, elle vit l’enfant sur son petit lit qui, d’un air étonné, sérieux, la regardait. Qu’il était habile et charmant, ainsi cramponné de ses petites mains, pour voir ! Il y avait dans ses yeux une intelligence !… Elle ne put retenir une exclamation admirative, et, de sa plus douce voix, en lui souriant, elle l’appela, ne sachant pas son nom :

— Ami ! petit ami !

L’enfant resta sérieux, mais ne cria point. La jeune religieuse se leva, et bien doucement, tout en souriant au bambin et en lui parlant des yeux, elle fit sa modeste toilette. Sérieux toujours et comme réfléchi, l’enfant ne quittait pas des yeux cette jeune fille, en béguin de nuit et en jupon court, fraiche et naïve de simple jeunesse, qu’il voyait ainsi tourner autour de lui. Sans trop de protestations ensuite, il se laissa laver et habiller, et après cela, quand elle le prit dans ses bras et le porta à la fenêtre de la cellule qui donnait sur le jardin, tout à coup, au sourire de sœur Sainte-Rose, il répondit par un sourire…

Quelle grâce ! et comme elle en fut reconnaissante !… De ces lèvres mortes au baiser, ce fut presque un baiser de nourrice que reçut l’enfant.

Mais quelques instants plus tard, quand