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— Oui ; mais ce n’était pas la règle non plus d’avoir dans sa cellule de petits enfants, et dès lors… — Ah ! sœur Rose raisonnait.

Elle fit plus. Surexcitée par la crainte des cris de l’enfant, plus qu’elle ne l’eût été par un danger personnel, elle osa ouvrir sa porte, descendre furtivement, rallumer le feu dans la cuisine, toutes choses qui, découvertes, eussent fait un scandale, dont nous n’avons pas l’idée. Pendant cette audacieuse entreprise, sa conscience la tourmenta bien sans doute ; mais plus encore, il faut l’avouer, la crainte que l’enfant ne se réveillât pendant son absence. Heureusement, tandis que l’oreille tendue, le cœur palpitant, elle écoutait, nul bruit ne parvint jusqu’à elle, et bientôt elle remonta, pieds nus, doucement, cachant sa lumière de sa main, avec un flacon de lait tiède, qu’elle garda sur sa poitrine pour en entretenir la chaleur. Tout cela était-il bien ? Mais elle ne pouvait s’empêcher de le faire. Oh ! comme le cœur lui battait !

Il voulut bien enfin boire, et presque aussitôt se rendormit. Sœur Sainte-Rose était heureuse !… Mais au milieu de quel trouble !… Pour consoler cet enfant et pour le persuader, c’étaient des paroles vraiment maternelles qui lui étaient échappées, échappées en vérité, comme si du fond de son cœur un ressort les lui eût portées aux lèvres. Même, sans y penser, elle avait appuyé sa bouche sur ce doux front. Elle qui n’était pas mère, qui ne pouvait l’être jamais, devait-elle agir ainsi ? Elle en était confuse, et pourtant, c’étaient des larmes de joie qui lui en venaient aux yeux, et l’on eût pu voir dans le crépuscule de l’aube son visage rayon-