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ment alors le père Chazelles fit un pas. Mais elle repoussa vivement cet homme, et il n’en fut rien de plus.

Cela durait depuis des heures quand un officier, conduit par Bruckner, vint à Chazelles :

— Vous êtes le propriétaire de cette ferme, lui dit-il.

— M’est avis que non, répondit le vieux paysan d’une voix sourde.

— Pas de finesses ! Vous avez caché votre grain ; l’homme que voilà dit que vous devez en avoir bien davantage. Où est-il ? Nous le voulons. Prenez garde à vous !

— Je l’ai vendu.

Bruckner haussa les épaules.

— Ça n’est bas vrai, dit-il, le baysan il garde toujours sa brovision. Il n’y en a bas là haut pour l’année.

— Si vous ne dites pas où est le blé, reprit l’officier, nous allons vous fusiller.

— Je vous l’ai dit, je l’ai vendu.

— Ah ! ah ! et votre argent, où est-il ?

— Il l’a caché aussi, le vieux ladre, dit Bruckner ; il n’était pas dans l’armoire ; et cependant il doit avoir quelque part un bon magot pour achever de payer sa ferme.

— Alors dites-nous où est votre argent, dit l’officier, nous avons besoin de tout.

— Je l’ai déposé chez un notaire de Metz, dit Chazelles ; et une sorte de sourire passa sur son visage ; car il pensait bien comme tout le monde que Metz ne serait jamais pris.

L’officier prussien fronça le sourcil.

— Prends garde, dit il en tutoyant ce vieux père de famille, prends garde ! si tu veux jouer au fin avec nous, ton affaire sera bientôt faite.

Bruckner dit alors à l’officier quelques mots en allemand et, aidé par d’autres, il se mit à chercher partout, Mais, pendant longtemps, ils ne découvrirent rien. De temps en temps, on venait menacer Chazelles ; on leva le sabre sur sa tête, on l’emmena pour le fusiller. Il dit toujours la même chose. On menaça également Jérôme et les femmes ; ils répondirent qu’ils ne savaient pas les affaires du père et ne pouvaient rien dire.

Enfin, l’on parut se lasser. Mais Bruckner, lui, ne se lassait point. Il semblait tenir à bien jouer son rôle de donneur de renseignements, et tout à coup il se