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non ! ils ne pouvaient pas se séparer ainsi !

Elle sortit à petits pas de la chambre, et, dans l’émotion où l’on était, personne ne s’en aperçut, excepté Louis, dont les yeux étaient sur elle.

— Eh bien ! dit-il à François, nous comptons sur vous.

Et, se penchant à son oreille, il ajouta quelques mots tout bas.

— C’est bon, répondit François, j’y serai.

Alors Louis Brésy se retira ; mais ce ne fut pas sans avoir reçu de maître Chazelles une poignée de main si vigoureuse qu’elle disait, aussi bien que des paroles :

— Ta es un brave, Louis Brésy ; je suis fâché de t’avoir fait injustice, et à l’avenir…

— Mais, à cette heure, on n’osait plus parler d’avenir.

Dans la cour, Louis s’arrêta, et, bien qu’il fit nuit noire, il ne fut pas longtemps à distinguer une forme blanchâtre au seuil du jardin, vers les ruches, et, s’étant dirigé de ce côté, il reçut Marie dans ses bras. Elle tremblait comme une feuille au vent, la pauvre fille, à l’idée que peut-être elle embrassait pour la dernière fois l’homme qu’elle aimait tant.

— Ah ! murmura-t-elle, que vais-je devenir, te sachant en si grand danger ?

— Ne m’ôte pas le courage, Marie ; sois une vraie Lorraine. C’est dans notre pays qu’est née celle qui a sauvé la France des Anglais, Jeanne Darc, la femme qui a su redonner cœur au roi et à toute l’armée. Ah ! si nous avions tous encore sa vaillance.

— Je ne veux pas t’ôter le courage, Louis. Je ne t’ai pas dit, je ne te dirai jamais une parole pour t’empêcher de faire ton devoir. Seulement, je suis malheureuse de te quitter, et je voudrais pouvoir partir avec toi.

— Au revoir ! dit il, en la pressant dans ses bras.

— Oui, au revoir ! dit-elle. Si tu mourais, je mourrais aussi. Mais dis-moi du moins où tu vas.