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imbécillité que par égoïsme et mauvais ménagement, de perdre la France ! Et tout ce qu’on racontait là-dessus n’était, il y paraissait bien, que trop vrai. Il n’était que trop clair, à présent, que le budget avait été pillé par ce gouvernement plein de belles paroles ; qu’on avait sur le papier des soldats qui n’étaient dans les régiments, et que l’armée sur les registres pour payement pas tenir tout ce monde, pour acheter des fusils et des canons, que tout cet argent avait passé à d’autres choses plus ou moins propres ! Et là-dessus on déclarait la guerre avec 250, 000 homines mal équipés, quand la Prusse en avait un million de bien exercés, de bien fournis de toutes choses. Et c’était pour cela que les enfants du peuple tombaient sous la mitraille ennemie comme les blés sous la faux, que les villes et villages, les hameaux et les fermes de toute une contrée allaient être pillés, ruinés, ravagés… Quels criminels, de ceux qui passent en cour d’assises, en ont fait autant que cela ?

Il ne se tenait plus sur ses jambes, le père Chazelles, et on l’eût dit ivre. Quand il revit sa femmes et ses filles toutes pâles, son petit Pierre qui jouait dans la cour, et ses deux grands garçons, qui vinrent à sa rencontre, prêts à faire ce qu’il allait dire, maître Chazelles ne put trouver un mot et, pour la première fois, ses enfants le virent pleurer.

(À suivre).

ANDRÉ LÉO