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répondit le maire ; il est défendu d’armer les populations.

Alors le père Chazelles entra dans une colère dont on ne l’aurait pas cru capable.

— Les armes que vous avez sont à nous, dit-il ; car nous ne sommes pas vos domestiques. Nous sommes des gens libres, et ce pays est notre pays, et les deniers de la commune sont à nous.

Qu’est-ce qui a nommé l’empereur ? Il ne serait rien sans nous. C’est nous qui l’avons fait, et ce n’est pas lui qui nous a faits. Il est à nous, et nous ne sommes pas à lui. Maintenant qu’il nous a perdus, qu’il nous laisse tranquilles ; il n’a plus d’ordres à nous donner.

Mais tout fut inutile, et ces hommes de cœur, bien décidés, voyant qu’ils ne pouvaient rien tirer du maire, allèrent dans les rues et dans les maisons parler à tous ceux qu’ils connaissaient ou qu’ils rencontraient. Mais l’habitude en France est si bien prise de ne rien faire que d’après les ordres de l’autorité, que même ceux qui auraient eu bonne volonté branlaient la tête, en disant :

— Comment faire ? nous ne pouvons pas faire ça tout seuls. Si le maire ne veut pas, c’est impossible.

Et ce fut bien pis quand on sut que le maire était allé quérir les gendarmes contre les gens de désordre qui voulaient organiser la résistance aux Prussiens. Tout le monde alors s’en alla, et il ne resta plus qu’une douzaine de gens résolus qui se consultèrent.

— Ça serait original, dit M. Cordier, d’être mis en prison pour vouloir défendre son pays.