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Feuilleton de la République française
du 27 septembre 1874



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MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE VII

LES PREMIÈRES DÉFAITES

Ainsi donc, à cette année déjà si mauvaise, allaient s’ajouter l’impôt de la guerre et le manque de bras. Jacques, qui était un brave soldat, comme il y en a tant à tous les rangs de notre armée, oubliant les paroles amères et injustes qu’il avait débitées devant les siens, confondant les généraux patriotes avec quelques courtisans de l’entourage impérial, Jacques regagna son régiment déjà en marche sur le Rhin, prêt à faire son devoir jusqu’au bout. Justin le rejoignit bientôt. On fit comme on put : les femmes se mirent à l’ouvrage des hommes et les vieux se louérent autant que des jeunes. On prit au Bourny le père Galey, pauvre bonhomme dont les deux bras ne valaient pas la main gauche de Jacques ou de Justin, bien qu’il ne fut pas plus vieux que Chazelles ; mais la misère ne lai avait pas manqué. Encore pouvait-il soigner le bétail, tandis que les autres faisaient le plus dur ouvrage. Et lai aussi, pauvre vieux, avait son fils à la guerre.

La moisson ne fut pas achevée sans peine, et bien des grains de blé trop mûrs tombèrent dans le champ, le battage n’était point aisé non plus. Comment suffire ensuite aux labours, comment amender les prés, qui en avaient tant besoin ? Le bétail mourait de faim et de soif, et le foin, qu’on ramassait de