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foire suivante, finalement les donner pour rien.

Tout ce temps le soleil dardait, brûlant les récoltes ; oui, jusqu’au point qu’on vit en mains endroits l’herbe sèche et morte, comme si le feu y avait passé ! Les fermiers étaient d’humeur massacrante, et chacun souffrait plus ou moins du mal général ; car la main d’œuvre naturellement fut peu demandée. Pour ce qu’il y avait à couper, besoin n’était de beaucoup de faux. Plusieurs n’eurent pas même la peine de faucher. C’était à tirer les larmes de voir le pauvre bétail, à qui déjà les os perçaient la peau, tant sa ration était diminuée. L’eau pour boire manqua en bien des endroits ; il fallut mener à la rivière, quelquefois à une lieue et plus, ce bétail affamé, qui se trainait sur ses jambes. Le blé monta vite, mais menu, et peu fort en grain. C’était une désolation de tout ; et la vigne seule profita de cette damnée sécheresse.

Au Bourny, la fontaine, heureusement, ne cessa point de couler, mais d’un filet si menu, si fin, qu’il fallait y laisser le seau une demi heure, et que les bêtes en avaient à peine assez pour l’abreuvoir. Quant aux prés, ce fut comme partout, et maître Chazelles se désolait en songeant que cette année ne lui rendrait pas même l’intérêt de sa dette.

Il était parfois si triste et si grincheux, que Marie s’effrayait qu’il vint à apprendre ses rendez-vous avec Louis Brésy. Elle avait dit non, bien nettement, à Bruckner et à Varnaud, et il ne l’avait point pour cela tourmentée. Même avait il dit :

— Bon ! bon ! nous n’avons point d’argent à faire tant de noces.

Car Justin, lui, se mariait. Mais si