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Feuilleton de la République française
du 21 septembre 1874



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MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE V

OUI OU NON

Il y avait quinze jours environ que ces choses s’étaient passées au Bourny, quand le bruit se répandit qu’une grande votation allait avoir lieu. C’était, à ce qu’il paraît, pour dire si l’on était content de l’empereur, si ce qu’il avait fait était bien fait, et si l’on voulait que son fils gouvernât après sa mort. Dans toutes les communes, il y eut de grandes affiches, pleines de belles phrases, un peu longues, d’où il résultait qu’il n’y avait qu’à dire out à l’empereur pour que tout allât mieux qu’auparavant, et qu’on ne vit plus que paix et prospérité par toute la France.

— Bon ! dirent les paysans, si ce n’est que ça, c’est pas difficile.

Et tous quasiment consentaient sans peine à dire out. Car on n’était point mécontent. Les gages étaient bons ; le travail ne manquait pas ; les fermiers vendaient bien leur gros bétail, et les femmes et enfants des pauvres gens gagnaient bon prix de leur peine à élever quelques porcs ou des volailles, de quoi payer le loyer, même le vêtement, pour ajouter au pain gagné par le père. Le temps était superbe, si ce n’est la pluie qui manquait ; mais elle avait le temps de venir encore. Enfin, il n’y avait trop rien à dire, et on sait d’ailleurs qu’il ne faut pas être bien exigeant en ce monde. La seule chose enrageante était de penser que ces damnés rouges étaient toujours là pour ennuyer l’empereur et l’empêcher de faire tout le bien qu’il voulait. S’il ne fallait que dire oui pour