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chose que des paperasses ; si nous avions, pour aider à l’agriculture et à l’instruction du peuple, les 400 millions qu’on met à la guerre, dont les républiques ne veulent pas et n’ont pas besoin ; si au lieu d’avoir un empereur ou un roi (c’est la même chose), nous avions une vraie République économe des deniers publics et les employant pour le bien de tout le monde, non plus pour les intérêts d’une famille et d’un parti, alors, oui, bien sûr, maître Chazelles, votre blé en pousserait mieux ; car vous pourriez y mettre plus d’engrais, acheter de meilleures herses, de meilleures charrues, et non-seulement votre blé, mais vos foins, mais toutes vos cultures. Vous trouvez que le commerce va un peu mieux qu’il n’allait autrefois, parce qu’un pays a beau être rongé par ceux qui le gouvernent, il ne peut, au temps où nous sommes, s’empêcher de profiter du grand mouvement qui se fait partout ; mais sous le gouvernement d’une bonne République, faite pour les petits, non plus pour les grands, l’agriculture, l’industrie et le commerce iraient dix fois mieux encore.

Alors, M. Cordier se leva pour s’en aller, et maître Chazelles, soucieux et songeur, se leva aussi, pour le reconduire. Cependant cette émotion ne dura pas longtemps chez maître Chazelles. Comme on n’aime point à avoir eu tort, il pensait en lui-même :

— Bah ! j’ai bien fait mes affaires ; les choses ne vont point si mal.

— Eh bien, maître Chazelles, dit le jeune bourgeois, quand ils furent au bout de la cour, en lui donnant une poignée de main, au revoir ! J’espère que vous ne serez plus si fâché contre ce pauvre Louis, parce qu’il s’occupe de politique ; il serait à désirer, je crois vous l’avoir montré, que tout le monde s’en occupât comme lui, et avec d’aussi bonnes intentions.

— Eh ! eh ! monsieur, que voulez-vous, chacun son idée ; pour moi, je n’ai rien à reprocher à notre empereur : les bouts, les porcs, la volaille, toutes les denrées se vendent bien ; on est tranquille, c’est le principal, et à vouloir changer, ça pourrait bien aller pis. Quand tu es bien, comme dit le proverbe, restes-y ; c’est le plus sûr. Nous