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nier que ce que disait M. Cordier ne lui parut juste. Il essaya de s’en tirer en gouaillant :

— Dans tout cela, dit-il, je ne vois encore point ce que vous avez promis de me faire voir, que la politique fait pousser le blé.

— Je n’y pensais plus, mais ce n’est pas difficile de vous prouver ça, maître Chazelles.

Supposons que vous ayez 100 ou 150 francs de plus par an à dépenser pour vos terres, qu’en feriez-vous ?

— Ce que j’en ferais, monsieur, ma foi, ce ne sera pas long à dire : J’en achèterais de ces engrais dont on parle tant, pour voir un peu ce que c’est, ou sinon d’autres ; car l’engrais n’est jamais de trop ; peut-être une herse neuve, meilleure que ma vieille, qui ne vaut plus guère.

— Parfaitement. Eh bien, si nous faisions de bonne politique, c’est-à-dire si tout le monde s’en occupait, — attendu qu’alors on arriverait vite à s’y bien entendre, — si nous faisions de bonne politique, vous paieriez des impôts de moins, et vous gagneriez en outre bien davantage par une meilleure distribution du crédit, par l’établissement d’une banque agricole dans chaque canton, par une bonne direction donnée au commerce et une plus grande activité donnée à l’industrie, sans compter qu’au lieu de vous prendre votre fils pour sept ans on ne vous l’aurait pris que pour quelques mois, le temps d’apprendre à manier un fusil, pour défendre la patrie en cas d’attaque.

Si, au lieu d’avoir un empereur qui, pour ses appointements, touche d’abord 35 millions, plus 25 millions à peu près de revenu en terres, châteaux, domaines appartenant à l’État, puis des ministres payés chacun 100, 000 francs, puis des maréchaux et des grands dignitaires touchant par an de 150 à 200,000 francs, plus un Sénat de 200 membres environ, dont chacun reçoit, outre ses autres traitements, 30,000 francs par an ; plus un tas de gros fonctionnaires à ne rien faire, dont les appointements vont aussi par dizaines de mille ; plus un tas de moyens et de petits, qui aident les grands à manger, à gaspiller et à voler le budget, au lieu de travailler et de produire autre