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Feuilleton de la République française
du 20 septembre 1874



(8)

MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE IV
SI LA POLITIQUE FAIT POUSSER LE BLÉ ?
Suite —

— Là ! là ! M. Cordier, dit Chazelles ; jusque-là vous avez dit des choses de bon sens ; mais ça n’y est plus. Il ferait beau voir que le paysan se mit à lire dans les livres au lieu de travailler !

— Eh ! ça serait beau, père Chazelles, car alors chacun saurait se conduire soi-même et faire au mieux ce qu’il fait. Chacun voudrait voir clair dans les affaires, et le peuple français ne serait plus de ceux qui se laissent mener par le bout du nez, on ne sait trop où, mais pour le moins à la banqueroute ; car nous devons treize milliards, maitre Chazelles, je ne sais pas si vous le savez, et nous payons par an 550 millions d’intérêts, tandis qu’en 1852 nous n’en payions que 292 millions : ce qui fait que l’empire nous a endettés de 258 millions d’intérêt de plus, et en capital de plus de trois milliards. Ces chiffres sont de 1868, et c’est assez joli, vous en conviendrez, en seize ans. Vous voyez que votre empereur n’est au moins pas économe de l’argent de la France. Tout ça n’empêche pas qu’on emprunte toujours. La famille d’un homme qui se conduirait comme se conduit le gouverne ment, le ferait interdire et ferait bien. C’est pour cette raison que les impôts augmentent toujours.

— Faudrait savoir si cet argent a été bien ou mal employé, dit maitre Chazelles.

— Jugez-en vous même : Guerre de Crimée, 1, 540 millions ; guerre du Mexique, 315 millions ; expédition de Rome,