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de la commune, comme tout le monde a intérêt à la justice, il y a toute chance qu’on choisira bien ; quand il est nommé par le gouvernement, qui ne le connaît pas et se laisse garder là-dessus par tel ou tel qui a ses visées, il y a chance, au contraire, que le maire soit mal choisi.

La nomination des maires, c’est pourtant de la politique.

De même, ça re vous ferait-il rien de pouvoir nommer pour juge de paix le meilleur homme du canton, pourvu d’un bon jugement, plutôt que d’avoir, comme il se voit quelquefois, un homme sans conscience qui juge injustement ou qui embrouille encore les affaires et maltraite les pauvres gens ? Il me semble que non.

Tout va à Paris et tout en revient. Toutes nos pauvres affaires de village s’y brassent et s’y tripotent, et n’en vont pas mieux. Paris crève de grosseur et nous languissons de petitesse. Plus de mouvement, plus d’activité, plus de vie nous ferait grand bien. Les villes ont de grandes écoles ; nous n’en avons que de misérables, où nos enfants n’apprennent quasiment rien que des mots, qu’ils oublient vite, où l’on s’occupe de catéchisme plus que de bon sens, où l’instruction n’est point comme il la tant aux enfants du travailleur. Et de quoi tout ça dépend-il ? De la politique. Ça dépend de mauvaises lois, faites par de mauvais gouvernements, qui ne pensent au pays que pour en tirer tout ce qu’ils peuvent, et ne lui rendre rien ; qui, depuis quatre-vingts ans que les républicains demandent l’instruction du peuple, ne veulent lui en donner que le moins possible, afin de pouvoir continuer à lui faire accroire tout ce qui leur plait. Si la peuple n’était pas ignorant, il n’accepterait pas si tacitement son rôle de bête de somme ; il ne croirait pas qu’il n’est fait que pour travailler, et que la politique ne lui est de rien.

ANDRÉ LÉO

(À suivre.)