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autre qu’un bourgeois de Fouligny. Celui-ci ne pouvait manquer d’avoir entendu l’affront fait à Louis Brésy, puisqu’il n’était qu’à dix pas en ce moment là, et le père Chazelles parlait d’une voix forte. Ayant donc salué Marie, quand elle passa près de lui, ce bourgeois s’approcha de Chazelles, et, après lui avoir dit bonjour, alla serrer vigoureusement la main à Louis Brésy, comme s’il avait en à cœur de le consoler et de montrer son estime pour lui.

— Il y a bien longtemps que je ne vous ai vu, Louis, dit-il. Voulez-vous m’attendre ? Nous reviendrons ensemble un bout de chemin.

— Ça serait avec grand plaisir, monsieur Cordier, répondit Louis, mais je ne suis pas libre de rester dans cette maison plus longtemps.

Le pauvre garçon disait cela avec le feu sur les joues et les larmes dans les yeux, tant il avait de peine et d’indignation du traitement qui lui était fait.

Alors maitre Chazelles eut honte de sa vivacité :

— Vous pouvez rester, dit-il, je ne vous chasse point.

— Si, maitre Chazelles ; vous m’avez dit tout à l’heure une parole que je n’attendais pas de vous, car je ne la méritais pas. Et elle m’a fait grand’peine ; aussi ne vous donnerai-je point occasion de la répéter.

Il partit en même temps, après avoir encore une fois serré la main à M. Cordier, laissant maître Chazelles embarrassé vis-à-vis de son visiteur et peu content de lui-même.

Tandis que Louis Brésy se retirait ainsi tristement, Marie, pour obéir à son père, avait pris le sentier qui mène au pâturage, et Pierre, occupé de regarder le monsieur, ne l’avait point suivie.

Elle pleurait en marchant et se plaignait tout haut, comme font les personnes vives. L’idée que Louis Brésy était congédié par son père lui brisait le cœur, et elle se jurait à elle-même que jamais elle n’épouserait Marcelin Var-