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Feuilleton de la République française
du 16 septembre 1874



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MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE III
LES GALANTS DE MARIE.
— Suite —

Cependant nos amoureux, toujours en se disputant le seau, étaient arrivés à la fontaine, et là, tandis que le seau se remplissait, ils s’étaient assis en face l’un de l’autre, sur le bassin, rouges et souriants tous les deux du plaisir de se trouver enfin seuls ensemble. Ayant le cœur tout plein de choses à se dire, ils ne se disaient pourtant rien ; seulement les regards de Louis étaient si parlants, que Marie avait baissé les yeux ; mais dans l’eau du bassin, la petite rusée voyait encore l’aimable figure de son amoureux et même le feu de ses yeux, qui y brillait plus doucement, comme le soleil dans la rosée. Le seau rempli, l’eau commença d’en couler de chaque bord, et de tomber dans le bassin en chantonnant, d’une voie claire et fraîche, qui semblait leur dire :

— Eh ! bien, qu’attendez-vous ? Le seau est plein ; n’est-ce pas là ce que vous vouliez ?

Mais ils n’entendaient pas ; ils se trouvaient là si bien ! Et Louis cherchait son courage pour dire à Marie le grand mot qu’il avait à dire, mais il n’osait pas.

Alors les joignit le petit Pierre, le favori de sa sœur Marie, qui rôdait par là,