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soit qu’elle n’eût rien à dire à cette opinion, et je crois qu’elle n’y pensait guère, soit qu’elle ne voulût pas entêter son mari à propos de Louis Brésy, ne sachant si sa fille le voulait ou non.

Grâce au coup de fouet donné à la Rouge, on s’était bien rapproché de Marie ; mais elle aussi trottait, de son pas leste, et il fallut l’appeler et se fâcher pour la faire monter ; car elle disait qu’elle irait bien ainsi jusqu’à Saint-Avold. Elle n’en avait pas moins les joues échauffées et le souffle haletant, et sa mère lui mit un mouchoir autour du cou de peur qu’elle ne prît mal, sans trop s’émouvoir des jurements, pourtant d’assez bon aloi, du père impatient.

À Saint-Avold, on se sépara, Marie allant au marché du beurre, et le père et la mère chacun à ses affaires.

Mais, quand maître Chazelles eut livré son veau au boucher et reçu l’argent, qu’il eut donné un coup d’œil à la halle aux grains et bu un coup avec l’Allemand Bruckner, pas long — car il n’était pas de ceux qui traînent dans les cabarets — une idée lui vint qui le poussa du côté du marché au beurre, vers l’endroit où Marie se tenait d’ordinaire, c’est-à-dire devant le café de la Pomme d’Adam. Ce qu’il vit là était plus qu’il ne pensait. Il vit Louis Brésy debout à la porte du café, en manière d’un habitué de l’endroit, car il avait sa chope de bière toute pleine sur une petite table à côté de lui ; mais il ne semblait point y songer et il causait avec Marie, qui lui répondait. Ils avaient tous les deux leur