chemin qu’elle peut. Tant vite m’a-t-elle menée que le souffle me manquait.
— Tu as toujours gâté tes enfants, reprit le père.
— Là ! là ! on ne gagne rien à les tourmenter, et tu vois bien qu’ils ne valent pas moins que les autres. Pour Marie, c’est une passée ; car de coutume elle veut ce qui fait plaisir aux autres ; mais elle est toute assotée depuis quelque temps.
— Hum ! fit maître Chazelles ; quand les filles changent d’humeur, c’est, dit-on, qu’il y a de l’amour sous jeu.
— Oh ! ça serait-il vrai ? dit la mère avec un peu de surprise.
Et, réfléchissant :
— Pourtant, je ne vois pas qui elle aurait en tête.
Et pourquoi pas Marcelin Varuaud, dit-il avec un sourire de complaisance.
— Non ! je ne crois pas !
— Ça serait-il donc Bruckner ? Non ; elle n’aime pas tant les Allemands. Dame… à moins que ça ne soit Louis Brésy ?
Le père fronça le sourcil :
— Louis Brésy ne me convient pas, dit-il ; je n’aime pas à le voir rôder autour de Marie, et je le lui ai déjà fait entendre : s’il revient, je pourrai lui faire un mauvais compliment.
— Et pourquoi ça ? Pourtant, c’est un honnête et gentil garçon. Il me plairait bien, à moi.
(À suivre)