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balles de l’ennemi, sur la route de la Belgique, où ils sont fraternellement accueillis. Et tandis que le gros de l’armée. soldats, sous-officiers et officiers de grade inférieur sont enfermés sans nourriture et sans abri dans les iles de la Meuse, en attendant qu’on les dirige en longues files, comme du bétail, insultés, frappés, mal nourris, vers la dure captivité des villes allemandes, tandis que le village de Bazeilles, dont les habitants s’étaient battus avec les soldats, est incendié par les Prussiens, qui y fusillent avec les hommes, les femmes et les enfants, ou les font brûler vifs, pendant ce temps, Sa Majesté Napoléon III part dans une calèche, la cigarette aux lèvres, pour un beau palais allemand, où la reine de Prusse, connaissant ses goûts, lui dépêche 17 cuisiniers.

Quand la calèche de l’empereur traversa le dernier village de France, des blessés de Sedan, qui s’y trouvaient, tous de rage et d’indignation, se levèrent en lui jetant ce cri : — Vive la République !

Il retentit un peu partout à la fois, ce même cri, tant on voyait bien qu’il n’y avait pas autre chose à faire pour sortir de cette pourriture et de ce malheur où la monarchie avait jeté la France : à Marseille, à Lyon, à Paris, à Bordeaux, à Limoges, à Montpellier, à Nantes, au Havre, à Tarbes, et jusqu’en de braves petites communes, dont je regrette d’avoir oublié le nom et qui usèrent, tout comme les grandes villes, de leur droit de dire : Voilà ce que nous voulons ! Oui, certes, il n’y avait pas autre chose à faire, mais c’était bien tard !

ANDRÉ LÉO

(À suivre)