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ma raison pour ne pas m’y abandonner.

— Comment ! s’écria Louis, votre raison ? Est-ce qu’il peut-être question d’autre chose que de vengeance contre de pareils sauvages ? Les chiens enragés, ça se tue ; il n’y a pas d’autres raisons. Mon cher Louis, il est malheureusement certain que, dans toutes les guerres, on a vu des atrocités pareilles. La guerre est, par elle-même, un crime, une bestialité. Elle ramène l’homme à l’état sauvage et remue en lui tout ce qu’il a de commun avec l’animal, tous ses vieux instincts de rapine et de cruauté, quand il vivait de chasse dans les forêts et déchirait sa proie de ses ongles. Il n’y a pas de situation plus funeste à la moralité des hommes, et c’est pour cela, autant que pour les malheurs et les ruines qu’elle fait, que cent fois criminels sont ceux qui ordonnent la guerre ! C’est à ceux-là qu’il faut s’en prendre, et il n’y a qu’une race dans le monde à qui l’on devrait, au nom du bien public et de la moralité humaine, jurer une guerre sans trêve, c’est la race royale, impériale, ou de tout autre nom qu’on nomme ces mangeurs de peuples, que l’imbécillité du peuple couronne. Les nations, si elles n’avaient pas à leur tête ces fous méchants, ne penseraient pas même à la guerre, si contraire à tous leurs intérêts.

— C’est égal, dit Louis, faut que les peuples soient rudement bêtes pour tenir à cette race-là. Mais c’est toujours l’ignorance. Si le peuple savait seulement un peu l’histoire, il saurait que, pour un bon roi venu par hasard, il y en a dix de mauvais.

— Mon cher Louis, reprit M. Cordier, les bons rois sont un mensonge de l’histoire. De tout temps, ce sont les races princières qui, sans exception, ont donné l’exemple des plus grandes cruautés. Ceux qui passent pour justes et humains, c’est par comparaison seulement avec les autres ; mais voulez-vous que je vous dise, au hasard, quelques actions de ces bons princes ?

L’empereur Galba, que les historiens représentent comme un digne vieillard et que Tacite a tant vanté, inquiet de l’esprit d’indépendance des Lusitaniens, invite tous les jeunes gens de cette nation à ne fête publique et les fait massacrer, au nombre de 10,000, dans une seule nuit. Il fait, quelques temps après et sans aucune espèce de raison, exter-