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Feuilleton de la République française
du 3 octobre 1874



(18)[1]

MARIE LA LORRAINE

NOUVELLE

CHAPITRE IX
LA MALÉDICTION DU TRAVAILLEUR
— Suite —

Alors les francs-tireurs s’élancèrent, mais avec précaution, par des sentiers bordés de haies qui menaient à la route, afin de surprendre le détachement prussien. Louis et François restèrent près de maîtresse Chazelles, et Louis, prenant dans ses bras le cadavre d’Annette, le porta près des autres, se promettant de revenir dans la nuit les enterrer tous. Pendant ce temps, la pauvre femme se laissait aller sur l’épaule de son fils.

— Ah ! François, j’ai grand mal de tête ! murmura-t-elle.

— Il faut vous coucher, mère, venez.

Et il l’entraînait du côté de chez la mère Galey, dont la petite maison était à dix minutes, quand elle résista.

— Où me mènes-tu ? Je veux aller chez nous !

— Mère, non, ce n’est pas possible ; venez par ici.

Elle résista, leva la tête du côté de la maison, et, la voyant en flammes, poussa un cri déchirant.

— Ah ! nous sommes ruinés ! Tout perdu ! Ah ! les brigands !… Il faut sauver nos meubles, François ; dépêchons-nous ! Où donc est ton père ? Jérôme ! Galey ! Marie ! Je n’ai pas vu Marie depuis si longtemps ! Marie ! grand Dieu !… Et mon petit Pierre, où sont-ils tous ?… Annette, je l’avais tout à l’heure : on me l’a prise. Je la veux ; il me faut tous mes enfants ! Est-il possible, Seigneur ! qu’on n’éteigne pas ce feu ! Nous allons donc être sur la paille ! Mais, c’est égal, je

  1. Voir la République française des 9, 10, 12, 13, 14, 46, 17, 20, 21, 23, 24, 26, 27, 30 septembre, 1, 3 et 4 octobre.