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Outre les occupations de ma charge, tous les jours, j’écris une longue lettre à ma princesse, pas trop négligée, tu comprends. C’est que j’ai à combattre tous les dangers de l’absence. De temps en temps, je m’échappe et j’y cours passer une soirée. Puis, je prends des leçons de Ponsard. Tu sais que j’ai la voix assez belle. Je veux pouvoir éclipser ce Farlini, qui se permet de chanter là-bas des duos d’amour. J’étudie avec fureur l’air d’Arnold et le grand duo de la favorite et Ponsard trouve que j’y mets de la passion.

Au milieu de tout cela, je suis loin de t’oublier, tu le crois bien. J’ai parlé à Targin qui a de l’influence. Il dit que tu devrais demander une place de sous-préfet, que tu l’obtiendrais facilement, et qu’avec ton nom et tes manières, tu serais préfet dans cinq ou six ans d’ici. Il se moque de tes scrupules. — Quand un homme est ruiné, dit-il, il doit se tenir prêt à tout accepter, ou bien il ne réussira jamais. — J’ai voulu soutenir que tu n’étais pas ruiné, que seulement tu sentais le besoin de te ranger, etc. Il a souri de façon à me prouver qu’il n’en croyait rien. Je ne sais qui diable a pu dire cela. Les secrets sont aussi subtils que les odeurs ; ça se respire dans l’air. Mon ami, je te quitte. Il faut que j’écrive à Olga. Crois que je ne t’oublie pas un seul instant et que je saisirai toute occasion de t’être utile. Mais je ne puis t’écrire souvent. Ne m’en veux pas et continue de m’écrire ces longues lettres qui me font vivre avec toi et me font un bien véritable ; car elles me rafraîchissent le cœur et l’esprit. Ma foi, je suis bien souvent à sec. Songe qu’il me faut tous les jours à heure fixe me mettre en