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Ce sera moi, je le vois bien, qui devrai enseigner à cette chère plébéienne les droits du mérite personnel. Il y eut encore sur ce jeune homme des quolibets qui me déplurent. À quoi bon triompher de ce vaincu ? Je ne puis souffrir d’entendre railler une affection, surtout par ceux qui en sont l’objet. C’est ingrat et dur. Avec tout son étalage de sentiment, Clotilde est vaine, et elle m’aurait gâté Blanche, si le mal pouvait jeter des racines profondes dans un être si pur et si charmant.

Je te quitte, voici l’heure où elle descend de sa chambre. J’attends une lettre de toi qui me dise si je dois me rendre à Paris. Mais ce n’est guère le moment, et je puis bien rester ici, n’est-ce pas, une quinzaine au moins ?



VINGTIÈME LETTRE.

GILBERT À WILLIAM.

10 août 1846.

Je n’ai que le temps de te dire que le duc d’Hellerin est en Italie. Le directeur des beaux-arts est absent également. Paris est désert. Il n’y reste que des utilités, dont je suis, hélas ! et qui naturellement ne disposent de rien. Cependant, je vais obtenir, je l’espère, un congé de quinze jours, que je suis autorisé d’avance à aller passer à Saint-Germain.

Il y a déjà quelques personnes chez ma belle Olga, des artistes, et entre autres un certain drôle dont je suis jaloux, un intrigant qui n’aime en elle que sa fortune.

Si tu savais, mon cher, que de soins et de soucis !…