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pécher. Je ne m’en plains pas et j’en profite sans remords. Notre mariage est fait dans nos cœurs ; il ne se rompra point.

La confiance des parents n’est pas aussi absolue ; on m’a tout garrotté de précautions puériles. Je serai censé être un ami d’Anténor ; il me sera défendu là-bas de baiser la main de Blanche en présence d’aucun, et de faire plus attention à elle qu’aux autres dames. Quoi encore ? Ce sera bon pour les premiers jours ; et puis ces prescriptions seront levées une à une, comme celles qui s’opposaient à mon séjour là-bas. Adresse-moi donc ta prochaine lettre au Fougeré, près Vivonne, département de la Vienne.



DIX-NEUVIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

8 août.

Me voici au Fougeré depuis deux jours, mon Gilbert, nous avons quitté la diligence à Vivonne, village situé sur une belle rivière, et nous sommes montés presque aussitôt dans une calèche un peu fanée, attelée de deux coursiers percherons qui nous ont traînés pendant deux lieues à travers des chemins inimaginables. Imagine des ornières de un pied et demi de profondeur, ou béantes, ou remplies par des cailloux de 4 à 5 pouces de diamètre, des ponts de la largeur exacte d’une voiture et sans garde-fous, des gués, des montées verticales, parsemées de rochers, des chemins à surface oblique, où l’une des