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on s’entend avec un associé, dont les intérêts cependant sont liés bien moins étroitement avec les nôtres ?

Il persista, je le vis bien, à ne point comprendre une telle concession ; mais il se hâta de l’accepter.

— Eh bien, me dit-il, ma fille vous aime ; je me suis fait une loi de ne point abuser de mon autorité paternelle pour contrarier l’inclination de mes enfants. Blanche a la tête vive ; c’est une petite folle ; je lui ai fait mes observations ; elle veut ce mariage ; elle n’aura rien à me reprocher. Je tiens pourtant à une chose, c’est que vous n’ayez pas de dettes.

Quand je l’eus rassuré à cet égard, il me fit de paternelles admonestations sur ma vie de jeune homme, telle que la lui a présentée le notaire Lebrun.

— Après tout, me dit-il avec un sourire de complaisance, je sais ce que c’est, et n’ai pas non plus été trop sage dans mon temps. Mais, quand on est marié, tout doit être fini. Un honnête homme n’a que sa parole et par conséquent il doit tenir ses promesses envers sa femme. Vous êtes malheureusement un peu jeune encore, et il serait à craindre que vous ne fussiez pas las de toutes ces folies.

Il me soulevait le cœur avec cette basse et plate opinion, qu’ils ont presque tous, qu’une jeunesse déréglée est la garantie de l’âge mûr, et que le seul remède à la soif du plaisir est d’en avoir bu jusqu’à la lie. Il y a là dedans l’ignorance complète, ignoble, de tout autre mobile que des appétits sensuels. S’ils étaient conséquents, ils voileraient leurs filles et les garderaient encore plus étroitement, puisqu’ils n’accordent aucune force à la