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que votre volonté est restée parfaitement libre. Clotilde a eu raison de vous assurer que des considérations de fortune étaient mesquines en pareil cas ; mais elle a eu tort de vous peindre le désespoir de Blanche. Vous saviez être aimé, c’était assez. Pour rien au monde, je ne voudrais… (et ma fille non plus, soyez-en sûr) que votre retour fût dû à la compassion, même au devoir.

— Vous voulez avant tout qu’elle soit aimée, lui répondis-je ; elle l’est, je vous le jure ; car elle a triomphé de ma crainte du mariage et de mes doutes sur l’amour même. Si je ne trouvais pas en moi la certitude de son bonheur, si je ne me croyais pas aimé sérieusement, en dépit de son désespoir et du mien, je partirais.

— Alors, me dit-elle avec une surprise naïve, c’est donc une chose vraiment sérieuse pour vous que le mariage ?

— Oui, répondis-je avec émotion, pour moi c’est l’amour.

Madame Plichon me prit les deux mains :

— Oh ! je suis vraiment heureuse de ce que vous me dites-là, parce que je vous crois. J’ai toujours senti, Monsieur, que vous étiez très-sincère, que vous ne ressembliez pas du tout aux autres ; et c’est pourquoi j’ai vu, sans trop d’inquiétude, vos attentions pour Blanche et son penchant pour vous. Quand j’ai trouvé ce billet d’adieu dans la main de ma pauvre fille, folle de douleur, après l’avoir lu, j’ai dit tout de suite : Il y a quelque chose que nous ne savons pas ; peut-être est-il aussi malheureux que nous. Et c’est là-dessus que Clotilde a pris sa résolution, car auparavant…