guille, qui marquait trois heures, vous avez accompli en venant ici un acte de bravoure et d’abnégation, dont, même sous l’empire de la passion, peu de femmes seraient capables. Je ne puis supporter l’idée que vous en fussiez victime. Cependant, le jour va poindre et vous avez à traverser, pour vous rendre à votre hôtel, une des rues les plus fréquentées. Ne songeons maintenant qu’à votre départ.
— À condition, dit-elle en se levant, que vous promettrez de ne pas partir, et que je puis transmettre à Blanche votre promesse de la revoir ?
Une dernière fois l’orgueil me mordit au cœur. Je détournai la tête.
— C’est un sacrifice d’amour-propre, je le sais, reprit Clotilde. Je vous comprends à merveille maintenant. Mais ce n’est pas vous, mon ami ; car mon cœur a besoin de vous donner ce titre, ce n’est pas vous qui hésiterez à faire ce sacrifice à l’amour.
— Bon à vous autres femmes, répliquai-je, plus touché que railleur. Vous avez pris l’amour et on vous l’accorde ; mais que nous restera-t-il à nous autres si nous abjurons le point d’honneur ?
— Eh, me répondit-elle, il n’y a pas de monopole en ces choses-là ; elles sont de droit commun. Pesez-les dans votre conscience et choisissez… Quoi ! vous hésitez encore ? Eh bien, Monsieur, comme il vous plaira. J’attends, je ne vous quitte pas et l’aube peut venir ; elle me trouvera ici attendant votre réponse. Puis-je aller dire à blanche que vous hésitez ? Oui ou non, maintenant ; je ne sors qu’avec un de ces deux termes.