ceci. Quand un attrait mutuel s’exerce, pourquoi toujours prétendre que l’homme a séduit la femme, comme s’il eût agi avec préméditation, quand il peut avoir été entraîné lui-même… plus loin que sa raison ne l’eût permis ?
— Assurément, Monsieur, ce n’est point ma nièce qui la première vous a parlé d’amour.
— Affaire de pure étiquette, Madame. Qu’importe, si, avant de parler, je savais qu’elle m’aimait déjà ?
— Mais, pourquoi ne l’aimez-vous plus ? car enfin, Blanche est un ange ! Elle ne mérite point le dédain. Est-il possible que tous les hommes, sans exception, se fassent un jeu du sentiment le plus noble, le plus pur ! (Elle leva les yeux au ciel.) Hélas ! une expérience cruelle aurait dû me rendre soupçonneuse ; mais il est si doux de croire, si cruel de se défier ! Vous m’aviez semblé, Monsieur, si noble, si loyal !
Je m’inclinai :
— Je conviens avec vous, Mademoiselle, que je n’aurais pas dû me laisser aller à l’attrait que j’éprouvais pour mademoiselle Blanche, puisqu’il ne m’était point permis de songer à elle. Mais j’ignorais alors… Cette première faute commise enfin, il n’est qu’un seul moyen de la réparer, c’est celui auquel je me condamne.
Elle s’écria :
— Ce serait donc un sacrifice ? Vous l’aimez toujours ? Ah ! je l’espérais. Dites-moi tout, Monsieur, je vous en supplie. Je suis digne de cette confiance ! c’est à un cœur cruellement éprouvé lui-même que vous confierez vos chagrins.
Elle me tendait la main ; je la serrai légèrement :