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ton nom et tes relations tu obtiendrais une place dans l’administration ou dans la diplomatie ; mais cela encore, je le crains, ne conviendrait pas à ton caractère.

En outre, n’étant pas du tout intrigant, avec tes façons dédaigneuses, froides, indomptables, tu n’arriverais à rien qu’à te faire destituer. On pourrait essayer cependant. Mais, tout bien considéré, il n’y a qu’une chose qui te va sûrement, c’est le mariage ; c’est là où tu peux réussir le mieux, grâce aux avantages de ta personne. Ton nom et ta réputation d’homme distingué valent une riche héritière bourgeoise.

Je ne comprendrais pas, je l’avoue, tes scrupules à ce sujet. Ce n’est pas une tromperie, puisque c’est passé dans nos mœurs. La femme, dépourvue comme elle l’est de toute puissance et de toute action sociale, est en elle-même une non-valeur et, n’apportant que des charges, doit apporter en même temps sa dot pour les supporter. C’est aux parents d’ailleurs à se bien renseigner sur ce que possède leur gendre futur, qui ne peut avoir la naïveté d’avouer lui-même sa ruine. J’entends bien que tu te récries. Mais, mon cher, tu sais pourtant que nous ne pouvons jouer en ce monde cartes sur table, et qu’il est impossible d’être franc quand personne ne l’est. Veux-tu recommencer Don Quichotte de la Manche ? Je ne crois pas être un malhonnête homme parce que je parle à ma princesse de mes rentes, et de ma faveur et que je me fais appeler de Valencin. Elle se moque bien de quelques rentes de plus ou de moins ; j’aurai de la faveur quand je serai riche. Ce qu’elle veut avant tout, c’est d’être Française ; elle le sera. Non, mon