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dire, que tu sois amoureux que désespéré. Il te reste, mon ami, un peu moins de 30,000 fr. Il y avait 20,400 fr. chez Delage ; 9,000 t’ont été restitués par Léon, à qui tu les avais prêtés il y a longtemps. Si tous ceux à qui tu as prêté, moi entre autres, te remboursaient, tu serais encore riche ; mais il ne faut pas compter là-dessus, excepté, en ce qui me concerne, si je venais à épouser ma princesse.

Causons un peu raison, mon cher ami, je t’en prie. Ton capital ne se monte pas à ce qu’était autrefois ton revenu ; tu n’as point l’habitude de l’économie ; il n’y a donc pas de temps à perdre pour te créer de nouveaux moyens d’existence. Tu n’as pas deux chemins à prendre, quoiqu’il y en ait bien deux, s’enrichir, ou travailler. Mais ce sont choses diamétralement opposées, sauf de rares exceptions, et tu n’es pas né pour la seconde. Puisque tu as l’esprit philosophique, tu peux voir d’un coup d’œil que la seule carrière des travailleurs en général, c’est le travail à perpétuité, et malgré ton esprit chevaleresque, tu ne peux pas t’amuser à cela. D’ailleurs que ferais-tu ?

Le problème se trouve donc réduit à ce seul terme : il faut t’enrichir : c’est le sine quâ non de la vie sociale ; et ce fameux mépris de l’argent, dont vous vous glorifiez, vous autres prodigues, m’a toujours paru, permets-moi de te le dire, une vanterie, ou, si tu veux, un lieu commun ; car c’est vous précisément qui avez le plus besoin d’argent et qui en usez davantage. Eh bien, tu n’as pas le génie des spéculations ; tu mépriserais le commerce ; il faut donc écarter cela. Nous pourrions espérer qu’avec